Les Talibans peuvent-ils s’emparer des installations nucléaires au Pakistan ?
Malgré les craintes exprimées par la Communauté internationale, le Président Zardari cherche toujours à rassurer: « Sur une armée de 700 000 hommes qui contrôlent le pays, explique-t-il, 100 000 sont directement affectés à la protection des sites nucléaires. » De plus, afin de prévenir tout risque, le gouvernement a instauré certaines mesures obligatoires, comme par exemple la conservation des têtes d’ogive désassemblées et l’isolation des vecteurs de lancement et de l’uranium enrichi sur d’autres sites. Dès la publication des mémos évoquant les inquiétudes de la communauté internationale, le porte parole du ministère des Affaires Etrangères pakistanais s'est empressé d'ajouter: "Ces craintes sont déplacées . Il n'y a pas eu un seul incident sur notre matériel fissile, ce qui montre que nos mécanismes de contrôle fonctionnent bien. Il est grand temps que les méfiances historiques à notre égard cessent".
Quel rôle pour les Etats-Unis ?
Les Etats Unis ont, de leur côté, mis 100 millions de dollars à la disposition du Pakistan pour élever le niveau de sécurité sur les sites nucléaires. Barack Obama avait déclaré en 2009 qu’il était convaincu que ces installations resteraient entre les mains des militaires pakistanais. Cependant, les révélations de Wikileak montrent que les diplomates américains sont extrêmements préocuppés. Dans un mémo confidentiel, on peut lire sous la plume d'Anne Paterson, l'Ambassadrice américaine au Pakistan: "Notre plus grande crainte n'est pas de voir un militant islamiste s'emparer d'une bombe nucleaire mais plutôt de voir un employé travaillant au sein du gouvernement pakistanais sortir petit à petit suffisament de pièce pour éventuellement se trouver en possession d'une bombe.." Et, comme le soulignait récemment la Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, au Congrès américain, les équipements nucléaires sont dispersés aux quatre coins du Pakistan, ce qui rend leur contrôle plus difficile.
Le Président Zardari survivra-t-il ?
Le Président américain était moins optimiste quant à la capacité du Président Zardari de se maintenir au pouvoir, à moyen terme. comme le confirment aussi à partir de mars 2009, une série de notes diplomatiques américaines dévoilées par Wikileak, qui évoquent la possibilité de voir Ashfaq Parvez Kayani, le Général en Chef des Armées, forcer le Président à abandonner ses fonctions. Même si les sources de Wikileak ne sont pas révélées, il est de fait que cette éventualite ne peut être totalement écartée; étant donné la présence avérée, au sein de l’armée, de sympathisants pro-Talibans. Or, comme l’indiquait récemment un observateur averti, la destabilisation du régime Pakistanais au profit de forces islamistes augmenterait dans de hautes proportions, la probabilité d’une guerre nucléaire dans la région. Toutefois, les experts britanniques pensent, contrairement au Président américain, que le gouvernement Pakistanais actuel résiste bien, et que les Talibans ne sont pas prêts d’atteindre Islamabad. Pourtant, il y a eu de moments chauds, en 2009, lorsque les Talibans se sont dangereusement rapprochés de la capitale pakistanaise. Ils ont pu être refoulés, dans la région du Burner, grâce à l’intervention musclée des forces armées qui ont dû employer les grands moyens.
L’objectif des Talibans.
Il est vraisemblable que les Talibans rêvent de s’emparer d’un site nucléaire et qu’ils sont prêts, pour y parvenir, à se faire aider par le réseau al Qaeda : Entre 2007 et 2008, les Talibans et Al Quaeda ont mené plusieurs attaques suicide sur des centres de recherche, censés avoir la capacité de contenir des armes nucléaires. Enfin, certains experts ont vu dans la prise du poste de Police, à Lahore, au printemps dernier, un test d’entrainement par les Talibans, en vue d’un prochain assaut sur un centre nucléaire. Paranoïa ou bien réalisme ? Quoi qu’il en soit, ces questions non résolues continuent de faire du Pakistan l’un des pays les plus dangereux de la planète.
par
Brigitte Ades
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